Homélie du 3 février 1957 - Sainte Rencontre

 

Extrait :

 

[...] Il y a exactement vingt ans, monseigneur Irénée Winnaert en donnant les cierges de la Chandeleur, introduisait dans l’Orthodoxie la première communauté occidentale. Vingt ans ! Non, ce n’est pas juste. L’Orthodoxie occidentale française n’a pas vingt ans, elle a deux mille ans et, selon les paroles de l’historien Eusèbe, elle a tous les mille ans. En effet, ce qui est arrivé il y a vingt ans n’était qu’une manifestation de ce qui était déjà. Si par instants, l’Église de France dévia de sa route et trahit sa vocation, elle fut quand même présente, du moins potentiellement et plus que potentiellement. Cette Église plantée par Jean le bien-aimé, Polycarpe, Irénée, par Lazare, Marie-Madeleine, Marthe, enracinée par tous ces apôtres et leurs successeurs directs, cette Église qui naquit comme un enfant des entrailles évangéliques, est immortelle. Lorsque nous célébrons la divine liturgie dans ce temple, nous sentons ces innombrables saints connus et inconnus, témoins et lutteurs, inspirés et laboureurs de la grâce, présents parmi nous et chantant avec nous : « Saint, Saint, Saint est le Seigneur Dieu qui était, qui est, qui vient », car Il nous a fait rois et prêtres de ces mystères sacrés. Non, nous ne fêtons pas vingt ans, nous fêtons comme disent les liturgies occidentales – « car ceci est la nouvelle et éternelle alliance » – l’éternelle alliance de l’Église de France avec la plénitude de l’Orthodoxie, de la Lumière éclairant tout homme avec nous qui sommes éclairés par cette lumière. Nous fêtons les fiançailles du Christ et de son Épouse. C’est pour l’Église de France que nous avons exprimé dehors, sur le tympan de l’église, la Vierge Royale, Mère de Dieu, en l’inscrivant en forme d’orante, c’est à dire dans l’attitude de la prière perpétuelle, sur la carte géographique de la France.

C’est pour cette France orthodoxe que nous prierons aujourd’hui pendant la messe. Et nous nous souviendrons de deux noms, celui de Serge le Grand, père de l’Église du XXe siècle et d’Irénée, notre père dans l’Orthodoxie occidentale. Amen.