Organisation de l'Eglise

 

 

L'organisation de l'Église

L’organisation de l’Église primitive, radicalement différente de celles des autres sociétés se basait sur le dogme de la Trinité. Elle est restée celle de l’Orthodoxie.[...]

L’Église orthodoxe a assumé dans l’Histoire une tâche difficile: maintenir l’équilibre entre l’ordre et la liberté, l’unité et l’autonomie locale. Elle s’opposa toujours, à travers les siècles, soit à la centralisation excessive, soit à la pulvérisation anarchique. [...]Lire la suite
 

Problèmes ecclésiologiques

[...] Nul [orthodoxe] aujourd’hui ne discute sur le dogme trinitaire ni sur la divino-humanité. La conscience chrétienne actuelle, est troublée par le dogme sur l’Église et sur sa nature. Les troubles contemporains, les errements, les conflits de conscience, les divisions et les recherches, non seulement dans l’Orthodoxie, mais dans tout le monde chrétien, tournent autour de l’ecclésiologie. Tous les échecs dans les recherches de l’unité, du rapprochement œcuménique, se produisent à cause d’un enseignement faux ou inexact sur l’Église. Seule une véritable doctrine sur l’Église, proclamée et réalisée, peut « appeler tous à l’union » et amener tous « à glorifier unanimement le Très Saint Esprit ».

 Cet enseignement véridique, répétons-le et insistons, consiste dans le fait que l’Église fasse révéler dans la vie, dans l’histoire, dans sa forme canonique « l’image de la vie Tri-Unique ». Toute déviation du dogme orthodoxe de la Trinité dans l’ecclésiologie ne peut qu’être la source de nouveaux troubles et de séparations. [...]Lire la suite

 

Confrérie Saint-Photius (Lossky - 1937)

[...]le territoire ecclésiastique d’Occident, comme tel, appartient au patriarcat de Rome. Donc, aucune des Églises locales d’Orient, ni celle de Constantinople, ni celle de Russie, ne peuvent s’approprier ce territoire en y fondant des diocèses nouveaux (par exemple, un diocèse de Paris, un diocèse de Rome, etc.). Une Église locale d’Occident ne pourra naître que du sol même de l’Occident, comme résultat d’une mission, d’une restauration de l’Orthodoxie occidentale avec ses traditions, son rite, sa spiritualité, le culte de ses saints locaux. Ce but, qui ne sera réalisé, probablement, que par les générations suivantes, exige une collaboration des orthodoxes de nationalités différentes résidant en France et gouvernés par les Exarques légitimes de leurs Églises Mères. Encore une fois, cette formule se trouve dans la ligne de la pensée du métropolite Serge de Moscou qui, tout en réfutant les prétentions du métropolite Euloge, se basait sur le même principe : impossibilité pour une Église locale d’Orient de fonder un diocèse normal sur l’ancien territoire du patriarcat de Rome. [...]lire la conférence en entier

 

Analyse de la 34e règle apostolique
[...] Cette règle nous décrit une organisation qui nous déroute de prime abord. Chaque peuple est dirigé par plusieurs évêques et non par un seul ; l’unité est donc en bas : le peuple ; la pluralité en haut : les évêques. Précisons : la règle ne dit pas que chaque peuple avec son propre évêque se groupe en fédération de peuples dirigée par la concorde de ses évêques, mais elle dit : « les évêques de chaque peuple ». Une pareille communauté peut paraître au sens commun une monstruosité sociale... Évidemment, il semble normal d’avoir plusieurs unités en bas, reliées à un centre supérieur. Et voici, en place d’une pyramide solidement posée au sol, nous voyons une étrange construction en éventail, risquant de tomber de toutes parts ; folie pour les romains, non-sens pour un esprit d’ordre – et pourtant, telle est la base de l’Église.[...] lire la suite
 
 
Extrait de l'histoire de la première paroisse française (1926-38) par Mgr Jean :
[...] Mais vint 1930, qui fut une année tragique pour notre oeuvre. Ce fut l’époque du schisme de l’émigration russe; le Métropolite Euloge est suspendu par Sa Béatitude Serge; il reçoit la défense de célébrer et d’ordonner; il n'obéit pas et part à Constantinople où il est reçu et nommé Exarque pour les paroisses russes. Conflit entre les deux Patriarcats : Reçu par l’un, suspendu par l’autre, le monde orthodoxe n’a plus le temps, ni le goût de s’intéresser aux affaires de l’Eglise Orthodoxe Occidentale. On ne s’occupe plus que de questions canoniques pour prouver la faute des adversaires et justifier ses propres droits. Les lettres, les encycliques, les polémiques jaillissent de toutes parts. Des gens refusent de se serrer la main, des fidèles refusent de recevoir la bénédiction des évêques schismatiques; les familles se scindent : la mère moscovite, le père de Constantinople, les enfants sont dégoûtés... Les deux juridictions construisent des paroisses parallèles. On doute de la grâce et de la validité des sacrements des uns et des autres; c'est la guerre civile.
Dans toutes ces vagues déchaînées, notre pauvre effort pour l’Eglise Orthodoxe Française, est submergé, déchiré, piétiné. Je me trouve personnellement dans une impasse sans issue. On me charge de questions canoniques dans lequelles je fais tout mon possible pour donner des réponses équilibrées, autant que le permet l’ambiance générale. On m'arrache à mon enfant bien-aimée, l’Orthodoxie française. Pressé par le Métropolite Eleuthère, Exarque du Patriarcat de Moscou, venu à Paris défendre son Patriarcat, accablé de douleur, je suis contraint provisoirement d’abandonner l’oeuvre de la Mission française. On me promet que ce sera tout à fait provisoire, et que, bientôt, je pourrai de nouveau me consacrer à notre oeuvre. Mais ce provisoire, dans l'esprit de la Hiérarchie et de mes amis, n'a pas de limites, car on veut me capter pleinement pour des affaires uniquement russes.
En face de ces bouleversements, de ces clans hostiles vous comprenez sans peine que les orthodoxes français ne tardèrent pas à être désorientés. Le Père Lev Gillet abandonne bientôt l'oeuvre; son remplaçant, le Père Grégoire, n'avait pas les capacités requises.
Ainsi, l’année 1930 anéantit totalement 5 années de travail; il ne reste que l’espérance. L’Orthodoxie occidentale est bien oubliée. L’unique personne qui soit profondément troublée, qui pleure sur elle, c'est votre serviteur. [...]
 

Rapport de la Confrérie Saint-Photius sur l’urgente nécessité de créer une Église orthodoxe locale française sous la conduite du patriarcat de Moscou du 20 avril 1948

[...]

Situation générale de l’Église orthodoxe française

Principaux traits de la construction de l’Église orthodoxe française :

1) Elle doit être porteuse d’un caractère apolitique prononcé.

2) Elle doit admettre dans sa composition non seulement des communautés françaises, mais aussi des communautés russes, grecques et autres ; mais la langue officielle doit être la langue du pays. À la gouvernance doivent être appelés des citoyens du pays. Sans cette condition, elle aura toujours un caractère étranger et ne sera capable ni de surmonter les divisions ethniques, ni de planter des racines dans le pays, ni de satisfaire la jeune génération.

3) La formalisation canonique doit, dès le tout début, comme nous l’avons déjà dit, prévoir son évolution ultérieure. Autrement dit, son statut doit tenir compte non seulement des faits établis mais également des tâches à venir, être un programme de construction. Cela est indispensable pour, d’un côté, se préserver des possibles fractures et instrumentalisations à des fins non ecclésiales et, d’un autre côté, acquérir la confiance des membres de l’Église.

Le statut normal d’une Église locale, capable de se développer et d’apporter un riche fruit, c’est le système de la métropolie selon les règles apostoliques.

Du point de vue de l’Église orthodoxe française il faut prévoir le minimum : trois diocèses territoriaux (par ex. du Sud, centrale et du Nord). Naturellement, ces trois diocèses peuvent se mettre en place progressivement, en corrélation avec la croissance de l’Église. Mais ils doivent être prévus dès le tout début. C’est la forme structurelle minimale.

La forme indispensable, urgente, de l’Église orthodoxe française doit être manifestée dans les dispositions minimales suivantes :

1. Le patriarcat de Moscou donne sa bénédiction de principe à l’Église orthodoxe française.

2. Un Centre de l’Église orthodoxe française est créé sous la conduite ou sous l’observation de l’exarque, dont la tâche est de l’organiser. Ce Centre se compose de trois représentants du clergé et de trois représentants laïcs.

3. On projette la constitution administrative de l’Église orthodoxe française, mise en place par le patriarcat de Moscou sur la base de rapports. Son entrée en vigueur se fait par l’exarque avec celui du Centre de l’Église orthodoxe française.

Élevant à Votre Éminence le présent rapport, nous vous demandons filialement, avec les documents qui y sont joints, de le porter à l’examen de Sa Sainteté notre père le patriarche Alexis.

Signé : P. Eugraph, V. Lossky, L. Ouspensky