LA RESTAURATION DE L'ANCIEN RITE DES GAULES

 

Introduction

 

Homélie du père Eugraph pour le 10e anniversaire de la restauration du rite des Gaules

Plusieurs d’entre vous sont déjà accoutumés à prier selon ce rite, mais pour d’autres, il est encore inconnu. L’esprit de ce rite, au travers des saint Germain, des saint Irénée, remonte jusqu’à Jean de Patmos, le disciple qui écouta le battement du cœur divin. Il nous rappelle que la France a son mot à prononcer non seulement dans l’art, la politique ou la spiritualité, mais aussi dans la liturgie : le langage des anges. Il nous invite à tenir compte de la vocation unique de notre pays et de sa place dans le concert liturgique.

En 1944, pour la première fois, nous célébrions à nouveau la liturgie selon l’ancien rite des Gaules interrompu depuis mille ans. Il faut avouer que les initiateurs étaient un peu troublés. Cette messe restaurée n’apparaîtrait-elle pas comme quelque chose d’artificiel et d’archaïque, une composition arbitraire plutôt qu’un être vivant ? Il est si difficile de ranimer un chant oublié. Et voici, un miracle peu spectaculaire mais merveilleusement réel se produisit. Ceux qui, en 1944, participèrent à cette liturgie peuvent en témoigner Cependant qu’elle se déroulait, ils furent saisis d’un sentiment inattendu et il leur parut assister à une étrange résurrection. Deux anneaux brisés, deux tronçons de chaîne se rejoignaient lentement, se ressoudaient en un seul. Ce jour-là, un clair démenti était donné à la thèse intelligente et facile qu’une chose perdue l’est définitivement ou qu’un patrimoine abandonné ne peut être restitué. Et nous-mêmes reçûmes la confirmation qu’une tradition antique peut revivre.

La liturgie de l’ancien rite des Gaules est l’authentique expression du génie de la France. Ni sentimentale, efféminée ou superficielle, elle est courageuse comme ses paysans, ses rudes travailleurs ; hardie comme ses chevaliers, toujours franc-tireur de la victoire. Cette liturgie enracinée dans l’Apocalypse et transformée par l’esprit propre de notre pays, confesse la victoire du Christ, proclame la Croix triomphante, emporte l’histoire humaine de l’alpha à l’oméga, voyant le Seigneur « Qui était, Qui est, Qui vient », toujours victorieux. N’oublions pas que c’est aux environs de Lutèce que Constantin eut la vision de la Croix « Nika ».

 

L'importance et le but du rite

 

Conférence du père Eugraph : "Le Sens des Rites"

On a perdu la notion du rite ; et j’insiste sur ce point, l’Occident ne fera un pas en avant que lorsqu’il aura compris que le rite est le pivot du monde. Sans rite, l’homme n’est qu’un intellectuel qui emmagasine des richesses inutiles ; sans rites, on s’agite dans des œuvres, dans la propagande, et cette action n’est ni vraiment efficace, ni du­rable. [...]

 

Notes du père Eugraph retrouvée après sa naissance au ciel

Le but de la liturgie de l’Église n’est pas seulement de refléter fidèlement la liturgie céleste et éternelle — une telle idée ne peut naître que dans un esprit dépourvu des connaissances élémentaires de la vie spirituelle — mais d’amener le monde entier peu à peu, la nature et l’humanité, à communier avec le Ciel, entraîner l’univers dans la louange de la Trinité.

 

Le rite des Gaules du 1er millénaire

 

Dissertation du Père Pierre Lebrun (XVIIIe)

L'Ancienne liturgie des Gaules a été, dès les premiers siècles, différente de la Romaine. Elle devait venir des Églises d'Orient, et elle a été en usage jusqu'au temps de Pépin et de Charlemagne vers la fin du 8ème siècle.

 

Cours de Dom Lambert Beauduin sur la liturgie occidentale

... Mais d'où vient cette liturgie transalpine ou gallicane, si répandue dans les trois quarts de l’Europe ? De grandes discussions persistent à ce sujet. Les historiens avancent deux thèses principales : les uns disent (surtout en Angleterre et en Allemagne) que la liturgie gallicane partait de l'Église d’Ephèse, par l’intermédiaire de Saint Irénée de Lyon, venu d'Ephèse à Lyon au deuxième siècle.

 

Cours de Maxime Kovalevsky sur la liturgie des Gaules

Grâce aux documents que le Père Lebrun avait su retrouver, il avait ébauché une reconstitution de ce rite qui avait une originalité propre : "Ce petit traité de saint Germain nous apprend plusieurs particularités de la messe gallicane qu'on ignorait et qui nous donne lieu de regarder plus attentivement ce que nous en connaissons".

 

Notes sur la liturgie gallicane vers le VIe siècle du Professeur I.D. Stefanesco

La Liturgie Gallicane est le rite occidental le plus ancien et, dans un sens, le plus intéressant, des considérations scientifiques fort importantes assignant à la liturgie romaine une place à part.

 

La survivance du rite des Gaules au 2e millénaire

 

Les heures

Les structures choisies remontent à la Règle de saint Benoît (Ve s.) qui, dans le respect de la tradition, demeure protégée et vécue jusqu’à nos jours dans les monastères bénédictins. La tradition bénédictine est peut-être le seul témoignage survivant tangible de l’unité liturgique voire de l’unité culturelle de l’Occident.

 

Le diacre Alcuin

Une des figures que nous devons évoquer est celle du diacre Alcuin, chargé par l’empereur Charlemagne d’imposer partout le rite romain : il accomplit cet ordre avec obéissance. Toutefois, amoureux des textes anciens de France, il les sauva de l’oubli en les employant comme prières de rechange, messes votives…

 

Depuis Alcuin jusqu'au Père Lebrun

L’élan créateur de l’ancien rite de France, en dépit de sa suppression, anime le Moyen Age. Les admirables antiennes : « Ô… » qui annoncent Noël continuent la même tonalité ; elles datent vraisemblablement du XIIe siècle.

 

Dissertation du Père Pierre Lebrun au XVIIIe

Nous avons six monuments de la Liturgie gallicane, savoir quatre missels, un lectionnaire et une exposition de la Messe.

 

Du Père Lebrun aux temps actuels

Au XIXe siècle, F. J. Mone († 1871) découvre à Karlsruhe le plus ancien des missels gallicans, [...]

Ce XIXe siècle, ainsi que le nôtre, est trop complexe pour être analysés même rapidement. Les ouvrages sur le rite des Gaules sont nombreux. Les hypothèses les plus diverses se succèdent, se chevauchent dans tous les domaines : liturgiques, théologiques, bibliques.

 

La restauration du rite des Gaules au XXe siècle

 

Historique de la restauration du rite des Gaules dans l'Orthodoxie

Après la bénédiction du rite des Gaules par le patriarcat de Moscou, le Concile de l’Église russe Hors Frontières le reconnaît aussi, le 11 novembre 1959, fête de saint Martin qui préside invisiblement à toutes les dates importantes de l’histoire de notre Église de France.

 

Les sources

... tous les documents sont indispensables à la restauration d’une liturgie, et celle des Gaules est privilégiée ; un groupe de manuscrits et de documents la ressuscitent.

 

Méthode de restauration

Comment nos liturgistes ont-ils appliqué la méthode de restauration ? Disons-le brièvement.

« Le canon eucharistique » d’Eugraph Kovalevsky en est un exemple parfait : chaque terme, ainsi que nous l’avons déjà dit, est analysé à la lumière des textes qui nous sont parvenus, face à la liturgie orthodoxe universelle.

 

De l’abondance de la matière

Une étrange opinion a cours parmi ceux qui s’intéressent à la liturgie. Plusieurs prétendent que l’Église ne possède pas assez de données pour entreprendre la restauration du canon eucharistique du rite des Gaules ; en fait, la réalité est l’opposé. Le matériel est si riche qu’il fait naître l’embarras du choix.

 

Du discernement dans le choix des textes du rite des gaules

Le Concile d’Afrique, au IVe siècle, auquel assistait probablement saint Augustin, indique les deux critères : le critère dogmatique et le critère de beauté [...].

Ce double critère a sans cesse présidé à nos travaux.