L'importance et le but du rite

 

Conférence du père Eugraph : "Le Sens des Rites"

... On a perdu la notion du rite ; et j’insiste sur ce point, l’Occident ne fera un pas en avant que lorsqu’il aura compris que le rite est le pivot du monde. Sans rite, l’homme n’est qu’un intellectuel qui emmagasine des richesses inutiles ; sans rites, on s’agite dans des œuvres, dans la propagande, et cette action n’est ni vraiment efficace, ni du­rable. Le swami Siddheswaranda m’a dit un jour : «Ma mission est ratée en Occident ! Ils m’écoutent, mais ils n’ont pas compris! » On prend un peu ici, un peu là, on fait un «cocktail spirituel» agréable, on peut vivre moralement, intellectuellement. Nous sommes devenus très intelligents, mais monstrueusement intelligents, parce que nous n’avons pas de colonne vertébrale. L’homme sans rites et sans rythmes est un invertébré. Il y a les intellectuels qui vivent de conférences, et il y a les hommes religieux qui «jettent un os » à la divinité en allant une fois par semaine à la messe ; mais il n’y a pas ce rite qui informe notre rythme, notre vie. C’est la tête qui travaille sans cesse chez l’homme moderne qui parcourt livres, brochures et journaux. Autre­fois, les sages savaient que trois livres dans une vie suffisaient parfai­tement.

Quand la France était vraiment enracinée dans le spirituel et le sacré — jusqu’à Charlemagne — les ministres suivaient tous les services de l’Église — nones, sextes — et passaient les vigiles des fêtes et des dimanches dans l’église.

Le rite, c’est la danse, c’est la respiration ; la nature chante sa liturgie, selon les saisons. Mais le rite n’a plus de place dans la cons­cience des hommes. Les villes ne connaissent plus que le rythme des devantures qui nous rappellent les fêtes : Noël : les jouets ; le prin­temps : exposition de blanc, etc. Les hommes n’ont plus qu’un énor­me scepticisme. En sortiront-ils lorsque l’humanité subira quelques secousses ? ...

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Notes du père Eugraph retrouvée après sa naissance au ciel

Le but de la liturgie de l’Église n’est pas seulement de refléter fidèlement la liturgie céleste et éternelle — une telle idée ne peut naître que dans un esprit dépourvu des connaissances élémentaires de la vie spirituelle — mais d’amener le monde entier peu à peu, la nature et l’humanité, à communier avec le Ciel, entraîner l’univers dans la louange de la Trinité. La liturgie de l’Église est l’échelle entre le Ciel et la Terre, entre le Créateur et la créature avec deux extrémités, l’une solidement enfoncée dans la terre, l’autre bien fixée dans les hauteurs, auprès de Dieu. D’une part, si elle s’arrête à mi-chemin et ne touche pas à l’infini céleste, c’est une fausse liturgie ; d’autre part, si elle n’a pas d’assise ferme sur la terre, elle est trop élevée pour le pied d’un pécheur, c’est aussi une fausse liturgie. Liturgie angélique, liturgie humaniste : deux fausses liturgies ! Liturgie angélico-humaine, sublime et populaire : voilà la vraie liturgie.

Celui qui cherche uniquement la perfection se trompe ;

celui qui cherche uniquement l’adaptation à la mentalité des masses, se trompe ;

celui qui dit que la forme liturgique est parfaite, se trompe ;

celui qui dit que la forme liturgique est périmée, qu’elle a besoin de réforme, se trompe ;

ces deux dernières hérésies sont d’une autre nature que les deux premières : les deux premières séparent et ainsi suppriment l’Église, les deux dernières sont athées. [...]

La liturgie a pour sens d’embrasser « tout en tous » et de faire entrer en communion le pécheur, le saint et l’ange.

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