Avant-propos

 

Eugraph Kovalevsky naquit à Saint-Pétersbourg, à midi précis, le 26 mars 1905, fête de l’archange Gabriel. Il fut ordonné prêtre, le 6 mars 1937, par l’évêque Eleuthère, exarque du patriarcat de Moscou, en l’église des « Trois-Saints-Docteurs » à Paris. Le 11 novembre 1964, fête de saint Martin, à San Francisco dans l’église de la Sainte-Trinité, saint Jean de Shanghai et l’évêque Théophile Ionesco de Roumanie le sacraient évêque, sous le nom de Jean de Saint-Denis, pour assurer la charge du premier diocèse de l’Église catholique orthodoxe de France. Le 30 janvier 1970, fête des Trois Saints Docteurs, un vendredi à la troisième heure de l’après-midi, Dieu rappelait à lui son évêque épuisé par une interminable persécution ecclésiastique et presqu’un demi-siècle de combat ininterrompu pour la renaissance du Christianisme occidental.

Théologien, orateur, liturgiste, iconographe incomparable, Eugraph Kovalevsky, n’était cependant pas ce qui est habituellement désigné sous les vocables d’auteur, de théologien ou même d’artiste. Il n’était pas un maître conférencier, encore moins un professeur d’université bien que le Saint-Synode de Moscou lui conféra, en 1952, le titre de « Docteur en Théologie » pour ses travaux en droit canon. Il ne bénéficiait pas, non plus, du silence et de l’ordre que l’on peut parfois trouver à l’abri d’une clôture et d’une règle de monastère.

Eugraph Kovalevsky fut l’homme saint, envoyé par Dieu, pour faire revivre, en Occident, une de ses très anciennes Églises locales, morte de consomption lente dans l’étouffoir romain, l’Église orthodoxe de France, dont saint Jean de Shanghai accompagnera, durant sept années, la naissance du premier diocèse – après lui avoir donné son nom définitif : Église catholique orthodoxe de France.

Plus encore, Eugraph Kovalevsky réalisa l’insigne exploit de l’aboutissement et de la synthèse liturgique de près d’un siècle de travaux théoriques et de tentatives de restauration du très ancien rite orthodoxe occidental, le rite des Gaules, pour le placer au cœur de la vie du peuple de France.

Chaque jour un peu plus seul face aux oppositions ecclésiastiques et plongé au cœur de l’agitation incessante de son temps, Eugraph Kovalevsky, devenu l’évêque Jean de Saint-Denis, dessina, d’un trait prophétique, aussi lumineux que fulgurant, ce que devait être la renaissance du Christianisme de l’Occident, condition première du renouveau complet de ses peuples.

« Les prophéties, ces pénétrations dans les ténèbres de la pensée divine, sont quelque chose qui nous entrouvre le sens de ce qui nous entoure, dans le passé, dans le présent et dans l’avenir. Elles peuvent le faire par des actes qui sont des images, par des paroles symboliques qui en sont également et par des paroles directes. » Le jeune père Eugraph avait prononcé ces mots dans son homélie du quatrième dimanche de l’Avent, le 4 décembre 1938. Nous considérons que l’œuvre missionnaire d’Eugraph Kovalevsky se présente aujourd’hui comme, précisément, l’empreinte d’un prophète de Dieu, bien qu’elle soit, hélas, déjà entamée par les morsures du temps, et, il faut bien le reconnaître, ternie, corrodée par l’acide des calomnies.

Ces « actes », ces « paroles symboliques », ces « paroles directes », laissés par Eugraph Kovalevsky, forment cette empreinte prophétique dont une équipe de chrétiens orthodoxes cherche, aujourd’hui, à dégager au mieux les lignes, les couleurs et les formes. Tant qu’il en est encore temps.

 

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Nous désirons proposer ici une sélection d’homélies classées suivant le calendrier grégorien, en usage dans les Églises d’Occident et dans l’Église catholique orthodoxe de France. Nous l’avons répartie en trois volumes. Le premier couvre la période de l’Avent jusqu’aux dimanches après la Théophanie. Un second volume contient les homélies de la période du grand Carême de Pâques jusqu’à la Pentecôte, et, un troisième, les homélies des dimanches après la Pentecôte et du Sanctoral.

Est-il nécessaire d’ajouter que ces homélies n’ont pas été relues par l’évêque Jean de Saint-Denis, ni même écrites ? Tirées de notes plus ou moins complètes prises par des fidèles (mais heureusement souvent multiples) ou d’enregistrements audios de plus ou moins bonne qualité, elles ont fait l’objet d’un travail minutieux de relecture à plusieurs et parfois même de révision de la syntaxe lorsque le langage oral et la prise de note, trop éloignés des normes de l’écriture, abîmaient le sens premier du message.

Est-il également nécessaire de remarquer que ces homélies constituent peut-être le meilleur témoignage que nous ayons de l’œuvre pastorale et missionnaire de l’Évêque Jean de Saint-Denis, apôtre re-évangélisateur de la France ?

Nous voudrions enfin transmettre nos plus sincères remerciements aux différentes personnes ayant collaboré, d’une manière ou d’une autre, quelquefois très activement, à la correction et à la relecture des manuscrits. Qu’ils reçoivent ici l’expression de notre profonde reconnaissance : jamais nous n’aurions pu aller au bout de ce travail sans leur aide.

Puissions-nous avoir été, tous ensemble, avec l’aide de Dieu, à la hauteur de la tâche.

Les éditeurs