LA GRÂCE

 
Article du bulletin « Présence orthodoxe » n°9-10, 1970 republié aux éditions de Forgeville n°4.

 

Elle est lumineuse, libre, acte de bienveillance divine ; la brûlure de Son Amour est légère, puissante, exaltante, pure, immortelle, don d’immortalité éternelle, don de l’éternité gratuite, provoquant des larmes de reconnaissance. Elle nous élève, nous fait haïr le péché, elle pénètre notre esprit, purifie notre âme, se propage dans notre corps. La joie fleurit en elle ; la paix est son souffle, par elle nous trouvons le bonheur divin. Elle est le souffle subtil, le baiser de la Divinité. Par elle nous sommes le foyer de l’énergie divine. Nous sommes par elle unis à Dieu et nous demeurons libres en face de Dieu. Le cœur gémit de joie, l’esprit est purifié comme le silence rayonnant, la volonté devient souple, rapide, légère et sûre de ses mouvements. Les plaisirs du monde perdent leur saveur, et Dieu, par elle, devient pour nous savoureux et désirable, délicieux.
On ne croit plus, on déguste, on boit, on jouit de la Présence Divine.
Par elle, l’Amour de Dieu inconnu devient une évidence palpable. Elle supprime en nous la crainte de Dieu et tout orgueil, même l’orgueil de se sentir indigne.
Avec la grâce, le monde devient transparent et petit, Dieu devient grand, Tout. La grâce est légère – le Christ a dit : « Mon joug est léger ». Son joug, c’est la grâce puissante, mais d’une puissance pleine de délicatesse de compréhension, de respect pour la création.
Elle anoblit tout.
Elle efface le vulgaire.
Elle est l’éclat paradisiaque.
Elle donne la sagesse du vieillard et la simplicité de l’enfant.
Elle embellit tout, transfigure tout et déifie tout.