Allocution de Saint Jean lors de sa première messe pontificale selon le rite des Gaules

 

Le 8 mai 1960[1],

 

Christ est ressuscité !

Le Christ ressuscité a envoyé les Apôtres prêcher dans tous les pays. L’Église du Christ ne fut pas fondée pour un seul peuple, pour un seul pays, mais pour le monde entier. Tous les hommes, tous les peuples, tous les pays sont appelés à la foi du Lieu vrai. Les Apôtres ont pleinement accompli l’ordre du Christ en parcourant toutes les nations. Simon le Zélote est allé en Angleterre ; Jacques, fils de Zébédée, en Espagne ; Thomas aux Indes et, selon la tradition, il a poursuivi jusqu’en Chine. L’apôtre André a prêché en Russie et en Grèce. Suivant la tradition établie, Lazare, le ressuscité après quatre jours, fuyant devant les Juifs qui voulaient le massacrer, est arrivé en France. Avec ses sœurs, Marthe et Marie, il s’est installé à Marseille et il a prêché en Provence. Trophime d’Arles et d’autres disciples d’entre les soixante-douze ont sillonné la France.

Ainsi, dès les temps apostoliques, la foi orthodoxe du Christ fut prêchée en Gaule, dans la France actuelle. C’est à l’Église orthodoxe qu’appartiennent saint Martin de Tours, le grand Cassien – fondateur de l’abbaye de Marseille où, durant de longues années, il donna l’exemple de la vie ascétique –, saint Germain de Paris et sainte Geneviève, parmi une multitude d’autres. Voilà pourquoi la foi orthodoxe n’est pas, pour les Français, celle d’un peuple étranger. C’est la leur, confessée ici, en France, par leurs ancêtres, depuis les temps anciens : elle est la foi de leurs pères.

Sincèrement et chaleureusement, nous souhaitons que la foi orthodoxe, dans sa forme propre au génie français, rétablie sur le sol de France, redevienne pour tout son peuple la foi maternelle, comme elle l’est demeurée pour les Russes, les Serbes, les Grecs, selon l’esprit particulier de chacun de ces peuples.

Le Propre du calendrier oriental – le Triodon fleuri – glorifie aujourd’hui, tout comme le Sanctoral occidental, le saint Archange Michel qui s’est manifesté également en Orient et en Occident afin de vivifier les forces spirituelles des hommes pour les actes héroïques, de même qu’il inspira jadis à Jeanne d’Arc la lutte pour la liberté de la France.

Aujourd’hui aussi, selon l’ancien calendrier, l’Église orthodoxe glorifie le saint apôtre Marc, un des quatre Évangélistes, qui, avant de partir pour Alexandrie, vint en Europe occidentale ou il écrivit son Évangile, à Rome, en latin même suivant quelques-uns.

À présent, nous en avons la conviction, l’élévation politique et patriotique de la France s’accomplit : qu’elle soit unie à son élévation spirituelle. Que renaisse la France orthodoxe et que la bénédiction divine soit sur elle !

 


[1] Publiée dans « Cahier Saint-Irénée » n°23.