Extrait d’un article publié, en 1948, dans la revue « Les Cahiers de l’Orthodoxie française » republié dans l'édition de Forgeville n°5.
L’organisation de l’Église primitive, radicalement différente de celles des autres sociétés se basait sur le dogme de la Trinité. Elle est restée celle de l’Orthodoxie.
Les règles apostoliques (premiers siècles), la définissent comme un système métropolitain, c’est-à-dire que les Églises locales, ou Églises-sœurs, possèdent une grande liberté dans l’unité catholique ; chacune est dirigée par un métropolite et ses évêques. Le métropolite est, lui-même, le symbole et l’exécuteur de l’unité des évêques du lieu. De même, le diocèse est administré par l’union de l’évêque et des prêtres et la paroisse par celle du prêtre et des fidèles.
L’Église orthodoxe a assumé dans l’Histoire une tâche difficile : maintenir l’équilibre entre l’ordre et la liberté, l’unité et l’autonomie locale. Elle s’opposa toujours, à travers les siècles, soit à la centralisation excessive, soit à la pulvérisation anarchique. Au IIIe siècle, l’Afrique, en proclamant l’omniprésence du Saint-Esprit, repousse les prétentions de Rome. Au VIe siècle, le Ve concile œcuménique refuse de laisser l’Église de Constantinople englober la petite Église de Chypre ; la crainte que la fumée de l’orgueil ne pénètre l’œuvre du Christ et que l’esprit de liberté, conquis par le sang de notre Seigneur, ne l’abandonne, motive ce refus. Au XIe siècle, tout l’Orient blâme la réforme monarchique de Hildebrand et défend le droit des Églises locales et des laïques, ainsi que l’esprit conciliaire. Dès que les nouvelles Églises mûrissent, elles n’hésitent pas à réclamer leur indépendance, celle d’Ochrid au XIe, celles de Kiev et de Moscou au XIVe, de Tiflis au XVIe, de Belgrade, de Bucarest et d’autres à notre époque.
Pour défendre les intérêts généraux et l’ordre universel, l’Orthodoxie possède le Pouvoir Souverain, qui réside dans l’accord des Églises-Sœurs (conciles, lettres de paix...) ; ses décisions sont indiscutables.
Ainsi, toute l’organisation, depuis la paroisse jusqu’au Pouvoir Souverain, réalise l’unique volonté de la pluralité des personnes. Elle est le reflet social du principe trinitaire.