Lettre au père Eugraph du 12 janvier 1960
[...]Je n’ai jamais pu et je ne pourrai jamais comprendre POURQUOI a surgi dans la vie de notre Orthodoxie occidentale un aussi pénible MALENTENDU ; pour quelle raison vous leur paraissez comme inadmissible, ou en quoi ils vous trouvent des torts ? Peut-être en prenant en considération certains des actes de votre vie pastorale, qui leurs paraissent trop libres, aux limites des règles canoniques, [...]
Il est possible que LE RÔLE IMMENSE qu’il vous a été destiné de jouer, inconnu des hommes, mais connu de Dieu, sur le chemin de la Théologie contemporaine – est en fait la raison de tous les malentendus. Les hommes ne veulent pas voir qu’ils vous doivent leurs ascensions en théologie, dont Lossky et nombreux parmi les meilleurs théologiens catholiques français. Votre parole ardente très souvent, des réponses d’une profondeur de pensée exceptionnelle, lors des colloques entre orthodoxes et catholiques en France, ont été ce grain qui permit la montée actuelle. Dans de tels cas, les hommes sont toujours portés à ne devoir à aucune personne vivante, mais seulement à leurs propres dons, tel ou tel autre de leurs travaux, ou tel ou tel autre de leurs approfondissements. Vous rendre gloire, en vous reconnaissant leur dû, voilà ce que ne désirent pas les gens.
Je ne suis jamais entré en conversation avec personne à votre propos. Je ne connais pas toutes les circonstances de votre rupture avec nombreux des Parisiens. Mais ce que je vous ai dit plus haut, je le sais, et je prie Dieu que la Force Divine triomphe et guérisse cette plaie dont est atteint le Corps de notre Église.
Votre dévoué en Christ, A. Sophrony
Transmettez, je vous prie, mon amour, ma bénédiction, mon amitié.
Lettre au père Eugraph du 28 juin 1963
Cher Père Eugraph,
Je vous envoie mes meilleures salutations et mes meilleurs vœux.
Vous savez que je pense toujours à vous, devant Dieu, avec ma sympathie la plus profonde. C'est de tout mon cœur que je souhaite votre succès et demande à Dieu de vous aider. Que le Seigneur vous permette de récolter ce que vous aurez semé, avant de quitter la terre.
[...]
Lettre au père Eugraph du 5 février 1968
[...] Puisque la création de l'homme comportait un RISQUE, on peut en déduire qu'il existe une quasi loi déterminant un tel ou tel risque pour chaque nouvelle création. J'ai vu avec quel courage vous affrontiez tout nouveau risque. Il me semble que j'ai assimilé le "grain" de votre idée dans le sens positif, et j'ai pris maintes fois votre défense au cours de divers colloques. C'est ainsi que je l'ai fait, entre autres, au Patriarcat de Jérusalem, lors de mon voyage en Palestine en 1961 ou 1962. J'ai expliqué au Patriarche et a ceux qui étaient présents lors de ma visite que, dans le but du renouvellement de l'Orthodoxie en France, vous avez choisi la "restauration" de celle qui avait existé, et non de les engager vers des modes de vie de l'Église que les français n'avaient jamais connus. Mais il est évident que vous avez beaucoup d'ennemis et ils continuent leurs manoeuvres.
[...]
Lorsque cet "ouragan" se sera dissipé et que tous ceux qui détiennent de la Providence les destins des Églises locales seront convaincus, à la lumière de vos travaux théologiques, que vous ne péchez pas dans les problèmes de la Foi, et à la faveur de circonstances plus pacifiques, comprendront votre idée de principe. A ce moment-la sera trouvé un "modus-vivendi" pour vous et pour eux. [...]
Photo de l'institut Saint-Denys fin des années 40 début 50.
Au milieu le P. Eugraph à sa gauche W. Lossky puis le P. Sophrony
Institut Saint Denys
Le Père Sophrony a étudié durant 5 années (1947-1952) à l'Institut Saint Denys de Paris dirigé par le père Eugraph. Il devint en parallèle de sa 5e année d'étude "chargé de cours".
Voir ci-dessous à ce sujet deux lettres de l'année 1948 et 1952.