Homélie du 9 décembre 1956
[...]L’Orthodoxie occidentale, l’Orthodoxie française ! Elle se définit par ces deux mots : Orthodoxie et Occidentale ou Française. Le premier terme : Orthodoxie, qu’est-ce à dire ? Est-ce quelque chose d’anti-romain, d’anti-protestant ? Non. Ce n’est rien de contre, car être contre serait un esprit de schisme.
L’Orthodoxie, mot étrange qui couvre une réalité merveilleuse. L’Orthodoxie, c’est la source de toutes les Églises, l’Église elle-même comme mère des autres Églises ; ce n’est pas un retour artificiel vers le passé, mais la présence de cette source dans les temps actuels.
L’Orthodoxie, prédominance de la vie chrétienne sur la doctrine abstraite, non qu’elle ne nous instruise – elle nous instruit à temps et à contretemps –, non qu’elle laisse de côté l’intelligence – elle la nourrit par la connaissance de la théologie et fortifie notre volonté –, mais au-dessus de la connaissance abstraite, l’Orthodoxie, à l’image de l’Église indivise des premiers siècles ou de l’Église tout simplement, est la vie dans cette Église et dans l’Esprit-Saint.
Étrange Orthodoxie, étrange Église primitive présente dans les temps actuels. Elle ne contraint personne et pourtant l’on s’attache de telle manière à sa vérité qu’aucune épreuve ne peut nous en détacher, nous en arracher. Pourquoi ?[…] lire la suite
Homélie de la Dormition - 1958
[...]Bienheureux les purs, car ils verront Dieu! Le Christ, en prononçant ces paroles, pensait d'abord au cœur pur de Marie, cœur déjà pur, cœur ayant acquis la pureté, cœur qui a vu Dieu le jour de l'Assomption, Marie monte en ce jour au-dessus des Séraphins et par elle, le monde se rencontre avec la gloire de Dieu. Nous sommes tous de la race de Marie, en tant que nous avons le désir de Dieu ; consciemment ou inconsciemment, nous avons tous ce désir de Dieu, mais nous ne sommes pas encore le désir pur de Dieu. Nous ne voyons pas Dieu parce que notre cœur ne palpite pas assez, pas purement, il palpite en même temps pour d'autres choses. Nous devons acquérir progressivement la pureté, la virginité du cœur. Marie est le dernier mot de cette pureté, de cette purification, de cette virginité. Quand Elle dit : Je suis la servante du Seigneur, Elle est pure, Elle est vierge, et le Verbe, la vraie lumière, la vraie connaissance, peut venir en Elle. Nous sommes nous aussi appelés à cette conquête de la lumière du Verbe, qui doit s'allumer en nous.[...] Lire l'homélie en entier
Homélie de la Transfiguration
[...]Mais je veux insister aujourd’hui sur une triade qui concerne directement l’existence de l’Église.
Le Christ prie ; son visage devient plus brillant que le soleil, ses habits plus éclatants que la neige, et il s’entretient avec Moïse et Elie. Tout est spirituel, transfiguré. [...] Voilà la première couche : l’Église priante, illuminée, qui veille.
Deuxième couche : celle des apôtres Pierre, Jacques et Jean, qui sont assoupis. À un moment donné, à cause de la lumière, ils s’éveillent et voient la Gloire : la couche supérieure de l’Église pénètre et se dévoile à eux. [...]
Ces deux couches se situent en haut du Thabor.
Puis le Christ revient dans la plaine. Il y trouve les neuf autres apôtres, ses disciples, la foule. On leur a amené un possédé mais les apôtres ne peuvent chasser le démon. Devant leur incapacité, le Christ est déçu et prononce des paroles amères : « Ô race incrédule et perverse, jusques à quand devrai-Je vous supporter ? » (Lc 9, 41) Voilà la troisième couche.
[...]
Mes amis, si vous voyez l’Église dans le plan de la plaine, avec ses évêques, ses prêtres, ses fidèles qui n’ont pas la foi ardente et encore moins la lumière, qui ne peuvent rien contre le mal, n’oubliez pas que cet aspect-là, c’est la matière de l’Église.
L’autre aspect, celui de l’âme, est celui des trois apôtres, endormis mais en contact avec la Divine Trinité. Mais ne vous arrêtez pas là !
Pierre, Jean et Jacques sont ceux qui peuvent vous montrer la troisième couche, celle de l’esprit, l’Église où Dieu-Trinité parle avec les saints. [...] Lire l'homélie en entier
Homélie de l'Ascension
[...] D’un côté l’être humain est appelé vers les hauteurs, et de l’autre il est appelé à se disperser dans le monde entier, conquérir le monde. Et ces deux sentiments, même chez un croyant qui prend des formes plus rétrécies, sont très fort. Ces deux sentiments qui paraissent contradictoires : voilà l’être humain et ça c’est le caractère de l’homme, voilà pourquoi les antiques ont trouvé dans sa position debout cette image, ils disent la tête vers le ciel, les pieds sur la terre. Et ce double aspect de l’être humain fait pour nous une difficulté de vivre, mais c’est cela précisément dans l’être humain, cette rencontre du céleste et du terrestre, de deux mouvements qui font que l’homme, tout étant quelquefois déchiré par ces deux désirs, en même temps se lie bien qu’il ne soit qu’une petite poussière dans ce cosmos visible et encore tout petit dans le monde angélique et spirituel. Malgré sa petitesse l’humanité est le nœud du monde car les anges sont dans l’élévation perpétuelle vers Dieu dans cette ascension permanente vers Dieu comme dit saint Denis, le monde par contre est dans le plan horizontal et l’homme est les deux. [...] Lire l'homélie en entier
Homélie du 3 février 1957 - Sainte Rencontre
Il y a exactement vingt ans, monseigneur Irénée Winnaert en donnant les cierges de la Chandeleur, introduisait dans l’Orthodoxie la première communauté occidentale. Vingt ans ! Non, ce n’est pas juste. L’Orthodoxie occidentale française n’a pas vingt ans, elle a deux mille ans et, selon les paroles de l’historien Eusèbe, elle a tous les mille ans. En effet, ce qui est arrivé il y a vingt ans n’était qu’une manifestation de ce qui était déjà. Si par instants, l’Église de France dévia de sa route et trahit sa vocation, elle fut quand même présente, du moins potentiellement et plus que potentiellement. Cette Église plantée par Jean le bien-aimé, Polycarpe, Irénée, par Lazare, Marie-Madeleine, Marthe, enracinée par tous ces apôtres et leurs successeurs directs, cette Église qui naquit comme un enfant des entrailles évangéliques, est immortelle. Lorsque nous célébrons la divine liturgie dans ce temple, nous sentons ces innombrables saints connus et inconnus, témoins et lutteurs, inspirés et laboureurs de la grâce, présents parmi nous et chantant avec nous : « Saint, Saint, Saint est le Seigneur Dieu qui était, qui est, qui vient », car Il nous a fait rois et prêtres de ces mystères sacrés.[...]Lire la suite
Homélie du 8 mai 1955 :