Homélie du 28 avril 1968 - deuxième dimanche après Pâques

 

 

Homélie disponible dans le CD n°2 : homélies du Grand Carême et de Pâques

 

Épître : 1 Pi 2, 21-25 ; Évangile : Jn 10, 11-16.

 

... de martyr de la liberté, et en même temps, aujourd’hui, après la divine liturgie, nous dirons les prières pour les défunts, pour ceux... partis… dans les camps de Auschwitz, Buchenwald, Dachau et tant d’autres. Car leur souffrance était inimaginable, je peux vous seulement citer un exemple. Les crématoriums qui étaient dans les camps pouvaient brûler entre dix mille jusqu’à douze mille personnes par jour. Et seulement pour deux camps, Auschwitz et Buchenwald, on compte quatre millions de victimes, parmi lesquelles les femmes, les enfants de toute race et peuple, en particulier certainement les juifs, les tziganes, mais aussi les français, les polonais, et tant d’autres, et les allemands. Alors l’Église orthodoxe veut se joindre, et nous prierons pour eux. Afin que leur martyr, leur souffrance coopère à la rédemption du monde. Mercredi, premier mai, c’est la fête de Notre Dame du labeur, protectrice de tous les métiers. Venez prier et je tâcherai de dégager le sens chrétien du travail.

 

Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen.

Après le dimanche de Thomas, pendant cette période pascale, l’Église orthodoxe catholique occidentale propose l’Évangile du bon pasteur. Pour commencer, dimanche en huit, les préparations de la Pentecôte, progressivement nous invitant à attendre le Saint-Esprit.

Cette, comment dirais-je, introduction entre la Résurrection et la Pentecôte, dimanche du bon pasteur, est liée intimement avec les paroles du Christ le soir de la Résurrection. Le soir de la Résurrection, Il vient chez les Apôtres les portes fermées, et Il dit « recevez le Saint-Esprit, à qui vous lierez, les péchés seront liés, à qui vous délierez seront déliés[1] ». Il donne les pouvoirs à douze Apôtres le moment de la Résurrection. Pourquoi au moment de la Résurrection ? Pendant la confession de l’apôtre Pierre : « Tu es Fils de Dieu vivant[2] », Il promet, « Je vous donnerai[3] », et après, dans un autre moment Il dit aux douze Apôtres : « Je vous donnerai les pouvoirs ». Mais maintenant Il donne ! Parce que le pouvoir des pasteurs est intimement lié avec la Résurrection. Résurrection de l’âme. Et toute la Résurrection de l’âme de l’être humain, de chacun des chrétiens, cette Résurrection de l’âme, c’est par la pénitence et par la puissante grâce de l’Esprit que l’homme se régénère, et anticipe et participe à la Résurrection universelle. Elle était possible, cette régénération de l’âme, uniquement parce que le Christ est ressuscité, et qu’il n’y a plus de cas désespéré, il n’y a plus de cas sans issue, il n’y a plus de mur qui nous empêche, et plus de tombeaux qui sont fermés définitivement.

 

Voilà pourquoi l’Église rappelle l’unique Bon Pasteur qui est le Christ et à qui Elle veut amener toute l’humanité, et en même temps Elle invite tous les chrétiens aujourd’hui à prier pour ceux qui représentent le Bon Pasteur, pour tous les prêtres et évêques de l’univers, et en même temps que Dieu donne à l’Église de bons pasteurs et en même temps augmente les pasteurs qui manquent. Voilà pourquoi aujourd’hui l’Église parle-t-Elle de l’Évangile du Bon Pasteur ainsi que l’épître.

 

Ici une pensée traverse ma tête et mon cœur, pourquoi Pierre est tellement honoré, pourquoi Pierre est mis au premier rang, pourquoi Pierre était dans la liste des apôtres Pierre, Jacques, Jean... parce que il est pasteur. En quoi il est l’image de tous les pasteurs ? Car il a fait la pénitence. Car il a abandonné le Christ, car il est tombé lui-même, mais il a su revenir vers le Christ en pleurant, en se jetant dans les eaux. Et le Christ en lui demandant : « m’aimes-tu ? m’aimes-tu ? m’aimes-tu ? » (Pierre) dit : « Tu sais que (je) T’aime[4] », parce que dans la figure de Pierre nous avons cette image que même si nous sommes tombés, même si nous avons apostasié le Christ, qui est l’essentiel, si nous revenons, nous ressuscitons en Lui. Voilà pourquoi une des qualités que nous devons demander pour l’évêque de Rome successeur de Pierre, c’est le don de la pénitence. Don de cette pénitence de Pierre, car si Jean est remarquable dans sa stabilité, son amour de Dieu, dès le commencement il contemple le Verbe pré-éternel, il n’a même pas besoin d’ouvrir la bouche et dire que Jésus de Nazareth est Fils de Dieu vivant, car dès le commencement, dès qu’il était intime encore de Jean Baptiste, il sait dans le silence du cœur, il sait que c’est l’être par qui tout a été fait. Si mais ce Jean qui est l’image de stabilité, fidélité, d’immortalité, d’infaillibilité, par contre la grandeur de Pierre, c’est justement qu’il est tombé, souvent il disait des choses absurdes, au moment de la Transfiguration, il veut retenir le monde transfiguré dans les formes des tentes d’organisation… Au moment où le Christ est arrêté, il veut prendre l’épée, faire des croisades, pour sauver la religion, et le Christ lui dit : « Pierre, si Je voulais me défendre, J’ai une multitude de légions angéliques[5] ». Pierre qui a confessé le Christ : « Tu es Fils du Dieu vivant[6] », après dit : « écarte la souffrance, je ne veux pas », et le Christ lui dit : « va-t’en Satan, derrière Satan [7] », Pierre qui chute même après la Pentecôte parce qu’il hésite d’accepter le martyre à Rome, et Christ lui dit « où vas-tu », ou Pierre dit au Christ et Christ répond « Je vais encore une fois souffrir à Rome »[8], c’est Pierre instable vraiment, mais ! Il a une chose admirable, il sait faire la pénitence, et la grandeur de Pierre, tiare de Pierre, c’est les larmes quand il a pleuré, c’est la précipitation quand il est allé vers le Christ, bienheureux Pierre quand il a entendu les paroles – lui qui n’osait plus être Apôtre – : « m’aimes-tu ? » il a répondu : « Tu sais que je t’aime ».

Voilà pourquoi le jour du Bon Pasteur, prenez en considération une chose, que le grand but de tous les pasteurs et prêtres, ce n’est pas tellement diriger, administrer, mais surtout pour vous aider, pour que votre âme ressuscite par la pénitence, amen.

 

 


[1] Jn 20, 22-23

[2] Mt 16, 16

[3] Cf. Mt 16, 19

[4] Cf. Jn 21, 17

[5] Cf. Mt 26, 53.

[6] Cf. Mt 16,16

[7] Cf. Mt 16, 22-23

[8] Cf. Jn 21, 18-23